Universel et capiteux, Carmen est l’un des opéras les plus joués au monde. À l’instar de son héroïne à l’œil noir, il est rebelle et sensuel, à la fois plein d’éclat et de noirceur, entre scènes intimes et chœurs triomphants. Georges Bizet séduit autant qu’il innove. Son coup de génie fascine ; au-delà de la partition, c’est aussi sous sa plume que naissent les vers les plus impérissables du livret, d’après la nouvelle de Prosper Mérimée. Tout sert le drame. Avec une expressivité insolente, le rythme envoûte ; l’orchestration et ses accents hispanisants dépaysent. Sur les remparts de Séville, l’inoubliable bohémienne lance aux hommes une fleur, une habanera et une séguedille provocantes, comme autant de sorts. Sa liberté, la femme fatale la revendique. Comme elle l’a pressenti, elle disparaît dans un dernier duo « d’amort », dont Nietzsche dira : « Je ne connais aucun cas où l’esprit tragique, qui est l’essence de l’amour, revêt une forme aussi terrible que dans le cri de Don José : c’est moi qui l’ai tuée ». L’opéra est créé le 3 mars 1875 et Bizet meurt trois mois plus tard jour pour jour, au soir de la trente-troisième représentation.
Pour leurs débuts à l’Opéra de Lausanne, Jean-François Sivadier transforme la scène en formidable machine à jouer pour les artistes et avec l’imagination du public, et Jean-Marie Zeitouni, spécialiste de la musique française du XIXe siècle, dirige ce drame ardent. Cette production qui fait la part belle à la direction d’acteurs est l’occasion de revoir le chef-d’œuvre de Bizet, absent depuis 20 ans de notre scène.
Créé le 3 mars 1875 à l’Opéra Comique, Paris
Édition par Fritz Oeser © Alkor-Edition Kassel
Originaire de Marseille, Rémi Ortega commence ses études de chant au Conservatoire de région de sa ville, dans la classe de Claude Méloni, puis intègre la Haute école de musique de Lausanne dans la classe de Jörg Durmuller, où il suivra notamment les cours de maîtres d’Alain Garichot, Laurent Pillot, Yvonne Naef et John Fiore. En 2019, il remporte le prix d’interprétation de l’instant lyrique lors du Concours des maîtres du chant à Paris. Il fait ses débuts sur scène dans le rôle du Caporal de La Fille du régiment à Marseille sous la direction de Bruno Conti, puis dans les rôles de l’aubergiste Pasek et du Moustique de La Petite Renarde rusée à Monthey, sous la baguette d’Ivan Törzs. Plus tard, il chantera le rôle-titre dans Le nozze di Figaro sous la direction de Leonardo García Alarcón, Taddeo dans L’italiana in Algeri dirigé par Amaury Du Closel, ainsi que l’Empereur Tchang dans Das Land des Lächelns de Léhar.
À l’Opéra de Lausanne : L’Auberge du Cheval–Blanc (2021) et My Fair Lady (2022).
Le Chœur de l’Opéra de Lausanne est un chœur jeune, constitué d’étudiants en classes de chant de la Haute école de musique de Lausanne et de la Haute école de musique de Genève d’une part, et de chanteurs professionnels, d’autre part. Ses membres sont choisis sur audition et périodiquement réentendus. Ils sont distribués pour chaque opéra en fonction de leur voix et/ou de leurs aptitudes. Grâce à leur talent scénique, notamment, soutenu par un enthousiasme communicatif, ils sont fortement appréciés de tous les metteurs en scène invités. Il bénéficie depuis quelques années d’une préparation par plusieurs chefs de chœur expérimentés venant d’horizons différents, sélectionnés en fonction des ouvrages interprétés et de leur spécificité.
Catherine Fender est cheffe de choeur, pédagogue de la voix et de la direction de choeur, compositrice et arrangeuse. Alsacienne, elle a étudié le piano, l’orgue, le chant et surtout la direction de choeur, d’abord avec Florent Stroesser à Strasbourg, puis Pierre Cao à Luxembourg. Elle a ouvert ses horizons et approfondi sa connaissance du métier en travaillant avec Hans-Michael Beuerle en Allemagne, Raphaël Immoos en Suisse, ainsi qu’en participant à des formations et stages avec Michel-Marc Gervais, Frieder Bernius, Gunnar Eriksson, Eric Ericson et Michel Corboz, pour ne citer qu’eux. Elle a mis en appétit, initié et formé de nombreux jeunes chefs de choeur qui rayonnent aujourd’hui en France, dans le triangle rhénan ou à l’international. Elle intègre le comité de l’Institut français d’art choral en 2021. Titulaire du certificat d’aptitude de direction de choeur, elle a enseigné le chant choral et la direction de choeur aux Conservatoires de Strasbourg et Colmar, à l’Université de Strasbourg (notamment au Centre de formation de musiciens intervenants). Elle encadre des classes de maîtres régulières, notamment dans le cadre de l’académie Choeur 3 (France-Allemagne-Suisse) dont elle est membre fondatrice. Elle est régulièrement chargée d’enseignement (direction de choeur) à la Haute école de musique de Bâle. Elle a repris la direction des choeurs de l’École de musique de Lausanne en août 2020.