BARBE-BLEUE

Barbe-Bleue est offert au public au lendemain de la reprise de La Belle Hélène, dont les airs et les saillies sont alors sur toutes les lèvres. Quittant les mythes de la guerre de Troie pour le folklore européen, Offenbach invente tout un petit monde burlesque autour du prince Barbe- Bleue, veuf joyeux de la pire espèce (« Je suis Barbe-Bleue, ô gué, jamais veuf ne fut plus gai»).

Tout est prétexte à rire et à moquer dans cet opéra-bouffe, pour celui qui a fait de la caricature musicale et sociétale sa spécialité. En dépit de l’ouverture et du premier acte qui feignent d’introduire une pastorale charmante, comtes, roi, prince et conseillers s’affrontent en des airs endiablés sur des sujets comme la vie et la mort, les rapports hommes-femmes, la brutalité des puissants, la veulerie des courtisans. À la revendicatrice Boulotte, paysanne espiègle, échoit par tirage au sort l’honneur (et la malchance) d’épouser le prince tueur d’épouses. Mais rassurez-vous, bergères et tziganes, toutes les mortes sont bien vivantes et, de façon inattendue en 1866, le féminisme vaincra.

Après son prodigieux Songe d’une nuit d’été, Laurent Pelly fait grincer avec justesse ce conte de Perrault, réécrit par les rois du boulevard Meilhac et Halévy. Son affinité avec Offenbach – dont il a mis en scène quatorze opéras !- lui souffle un spectacle jubilatoire, avec des chanteurs-acteurs hilarants. Ne manquez pas cette fin d’année en feu d’artifice à l’Opéra de Lausanne, où la cheffe Alexandra Cravero fera ses débuts, dirigeant le Sinfonietta de Lausanne.